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⚠️ Avertissement : Ce texte contient des thèmes sensibles (violence sexuelle). C’est un témoignage personnel ; les faits décrits sont des allégations.

L’histoire de Sophie

Je m’appelle Sophie. Enfin… c’est le nom que j’utiliserai pour raconter mon histoire. Ce n’est pas mon vrai nom, parce que je ne veux pas être révélée. La vérité est trop dangereuse, trop lourde, et j’ai besoin d’une couche de protection entre qui je suis et ce que j’ai vécu.

J’ai trente-quatre ans, et pendant la majeure partie de ma vie d’adulte, j’ai vécu dans l’ombre d’un homme nommé Elie Slama.

Elie est marié. Il a une famille, une épouse qui le voit sans doute comme un soutien, peut-être même comme un homme honorable. Aux yeux du monde, il joue le rôle de l’homme d’affaires, du mari, du voisin respectable. Mais pour moi, il est tout autre chose : le voleur de mon corps, de mes choix, de mon identité même.

Ça ne s’est pas produit qu’une seule fois. Les gens aiment croire à une nuit terrible unique, à un moment isolé qu’on pourrait enfermer dans la mémoire. Non. C’était une campagne longue et répétée. Cela a commencé par un premier instant de force, l’incrédulité qui me traversait, puis la réalisation brutale que j’étais piégée. Je pensais que ça s’arrêterait. Mais non. C’est revenu. Encore. Encore. Chaque fois, je me disais que je crierais, que je m’enfuirais, que je me défendrais, mais quand on est brisée morceau par morceau, le corps n’obéit plus à ce que l’esprit supplie de faire.

Impuissance. Ce mot semble trop faible, trop poli. J’étais enfermée dans le silence. Ma vie ne m’appartenait plus.

Et tout ce temps, je travaillais pour lui. J’étais dans son monde, assez proche pour voir le masque qu’il montrait aux autres, pour observer le contraste entre l’image publique et la réalité intime. Pour moi, il n’était pas un homme respectable, mais un homme de domination et de cruauté.

Je vivais dans deux réalités. Dans l’une, le monde extérieur voyait une femme d’une trentaine d’années, discrète mais fonctionnelle, avec un emploi, un sourire poli. Dans l’autre, la cachée, j’étais la prisonnière d’Elie Slama, même en son absence. Je pouvais sentir son odeur sur ma peau pendant des jours, même après m’être lavée jusqu’à la brûlure. J’entendais sa voix résonner quand j’essayais de dormir. Et le pire, c’était de porter une honte qui n’était pas la mienne, une honte qui aurait dû n’appartenir qu’à lui.

On me demanderait : pourquoi n’es-tu pas allée à la police ? Pourquoi n’as-tu rien dit ? La vérité est laide. J’étais convaincue que personne ne me croirait. Il était respecté, marié, « réussi ». Moi, je n’étais que moi. Une femme sans preuves, sans pouvoir. Et les rares jours où j’imaginais avouer, j’entendais déjà les murmures : Pourquoi n’es-tu pas partie ? Peut-être que tu le voulais. Peut-être que tu as aimé ça.

Non. Jamais.

Elie a détruit plus que mon corps. Il a détruit le temps. Les années ont glissé entre mes doigts parce que je ne les vivais pas vraiment. J’ai vu mes amies se marier, avoir des enfants, construire leur avenir, tandis que je restais prisonnière d’un cycle de peur et d’engourdissement. Je ne pouvais plus faire confiance aux hommes. Ni même aux femmes, car trop d’entre elles détournaient le regard lorsque je laissais deviner que quelque chose n’allait pas. Je ne pouvais même plus me faire confiance.

Chaque fois que je regardais mon reflet, je voyais un fantôme. Mes yeux portaient des secrets trop lourds à dire. Mon sourire était un masque, destiné à rassurer le monde que j’allais bien. Mais je n’allais pas bien. J’étais brisée.

Aujourd’hui, j’écris sous le nom de Sophie parce que j’ai encore peur. Peur de la rage d’Elie. Peur du jugement de la société. Peur de rouvrir des blessures à peine refermées. Mais j’écris aussi parce que le silence m’a presque tuée, et je refuse de lui accorder cette victoire.

Parfois, je rêve de justice. Parfois, j’imagine crier son nom dans un tribunal, brandir les preuves de qui il est vraiment — pas seulement de ce qu’il m’a fait, mais du mal qu’il cache derrière son masque. Voir ses mensonges s’effondrer sous le poids de la vérité. Mais la justice ressemble à un fantasme trop tardif, trop lointain. Ce que j’ai, en revanche, ce sont mes mots. Ils sont bruts. Ils sont tranchants. Ils portent la douleur de toutes ces années. Mais ils m’appartiennent.

Je ne sais pas si je serai un jour entière à nouveau. Je ne sais pas si la femme cachée derrière ce faux nom osera un jour se montrer pleinement à la lumière. Mais je sais une chose : Elie ne m’a pas effacée. Il ne m’a pas possédée pour toujours. Je suis encore là, même brisée, même effrayée. Et en écrivant, je commence à reprendre ce qu’il m’a volé.

Ceci est ma survie. Ceci est ma rébellion. Ceci est mon histoire.

#VictimesElieSlama

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